Adieu Cayenne !
En 1923, il se rend en Guyane où il visite le bagne aux Îles du Salut, à Cayenne et à Saint-Laurent-du-Maroni. Décrivant les horreurs de ce qu'il voit, son reportage suscite de vives réactions dans l'opinion mais aussi au sein des autorités. Lors du reportage qu'il effectue en Guyane sur le bagne, Albert Londres rencontre Eugène Dieudonné, un menuisier anarchiste condamné sans preuve lors du procès qui jugea «la bande à Bonnot». Quelques années plus tard, le journaliste apprend que le forçat s'est échappé, il le retrouve au Brésil où il a refait sa vie. L'auteur nous conte les péripéties de l'évasion, nous décrit l'hostilité de l'environnement, la mer, la forêt, la solidarité mais aussi l'égoïsme des bagnards, les chasseurs d'évadés, etc. Albert Londres fera tout pour que Dieudonné soit gracié et il obtiendra gain de cause. Extrait : J'atteignis le bout de Cayenne. La brousse était devant moi. Un dernier regard à l'horizon. Je disparus dans la végétation. Il s'agissait, maintenant, d'éviter les chasseurs d'hommes. En France, il y a du lièvre, du faisan, du chevreuil. En Guyane, on trouve de l'homme. Et la chasse est ouverte toute l'année ! J'aurais été un bon coup de fusil, sans me vanter. La « Tentiaire » aurait doublé la prime. Fuyons la piste. Et, comme un tapir, je m'avançai en pleine forêt. Au bout d'une heure, je m'arrêtai. J'avais entendu un froissement de feuilles pas très loin. Était-ce une bête ? un chasseur ? un forçat ? Je m'aplatis sur l'humus. La tête relevée, je regardai. C'était Jean-Marie, le Breton. Je l'appelai. Ah ! qu'il eut peur ! Mais il me vit. En silence, tous deux, nous marchâmes encore une heure et demie, le dos presque tout le temps courbé. Et nous vîmes la Crique Fouillée. Brinot, Menœil, Venet étaient là. On se blottit. Il ne manquait que Deverrer. - S'il ne vient pas, dit Brinot, on aura cinq cents francs de moins, tout est perdu.
Display3
Où le trouver ? Ressource en ligne