Rappelez-vous l’épisode précédent : L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté
coincé dans une armoire Ikea ; soit Ajatashatru Lavash Patel et un soubresautant tour du monde emboîté dans une armoire Ikea qui l’avait vu, par avion ou par cargo, transbahuté d’Angleterre en Espagne et de Tripoli à Paris. Nous avions laissé l’homme coulant les plus doux des jours avec Marie Rivière, la dame de son coeur et écoulant par palettes entières le récit de sa déménageante saga. Notre héros macère dans l’aisance avec la volupté d’un cornichon dans la saumure et se confit dans le plus gras bien-être, son éditeur retoque son second opus, lisse à l’excès et bien bouffi de consensualité. Pour la faire brève, notre fakir est devenu mou du clou, glabre du sabre et son tapis de braises vire à la moquette haute laine. Réagissez mon bon ! Et notre Patel de repartir à la reconquête de soi. Cap sur la Suède pour rencontrer Dieu lui-même, l’Allah de la clé Allen, le maître d’Ikea, et se fournir en Kisifrøtsipik, la Rolls du tapis à clous.
Romain Puértolas, en digne fils de Jules Verne et parfait gendre d’Alexandre Dumas, réaffirme cette vérité d’évidence : le monde n’est qu’une commode Ikea, pleine de fausses portes et de doubles fonds, et que l’on n’assemblera jamais !