Je suis noire mais je ne me plains pas, j'aurais pu être une femme
La première femme noire africaine à devenir proviseure dans un lycée parisien raconte le racisme au quotidien. "Je suis suédoise. " Tout sourire, je laisse fuser cette réponse ironique chaque fois que l'on me questionne sur mes origines. C'est-à-dire constamment ! Aujourd'hui proviseure d'un lycée parisien, première femme noire africaine à un tel poste dans la capitale, j'échappe rarement à cet interrogatoire absurde. D'où viens-je ? Suis-je française, et si oui depuis quand ? Comme des millions de mes concitoyens " issus de la diversité ", je continue à affronter le regard porté sur nous par la société française. Et tout se passe comme si j'étais condamnée à faire mes preuves encore et encore. Autant dire à montrer éternellement patte blanche... Pourtant, hors de question de me poser en victime face aux doutes et aux situations humiliantes. Si je témoigne aujourd'hui, c'est notamment – mais pas seulement – pour les jeunes Noirs de France, en pensant particulièrement aux filles, pour qui le boulet du patriarcat s'ajoute à celui du racisme insidieux. Dans l'espoir qu'ils opposent, comme je l'ai toujours fait, l'humour et l'ambition à toutes les tentatives d'assignation. Pour que la France accepte enfin la diversité des origines, des genres et des orientations sexuelles comme une somme de talents dont l'épanouissement bénéficie à tous.
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