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Iii

Auteurs :
Editeur :
Parution
2014
Type :
CDDisponible
En plus de leur talent de compositeurs et d'instrumentistes, une des forces de Led Zeppelin est de toujours prendre une direction à laquelle personne ne s'attend. Ainsi de ce troisième album, à la tonalité majoritairement acoustique, qui est en son temps très incompris, mais a depuis gagné ses galons de classique. Au tout début 1970, juste avant d'entreprendre une mini-tournée anglaise qui doit passer par le Royal Albert Hall de Londres, Jimmy Page et Robert Plant se rendent avec leurs compagnes respectives (Maureen Plant et Charlotte Martin) au Pays de Galles, dans un patelin où le chanteur avait passé des vacances dans son enfance : Bron-Yr-Aur. Ils occupent une petite ferme où il n'y a ni eau courante ni électricité, ayant tout simplement choisi de faire retraite. Ils sont alors presque obsédés par l'album "Liege and Lief" de Fairport Convention, audacieux mélange de folk anglais et de rock, qu'ils ont découvert avec ravissement. Lors d'une promenade, ils s'installent au bord d'un ravin et, munis d'une guitare sèche et d'un magnétophone, il écrivent une douce ballade aux paroles introspectives, "The Boy Next Door", qui deviendra "That's The Way", ainsi que les bases de plusieurs autres chansons, qui compteront parmi leurs plus inspirées. Quelques semaines plus tard, après une remarquable série de concerts donnée aux Etats-Unis et sur le continent européen, ils investissent Headley Grange, dans l'Hampshire, un ancien asile de nuit complètement désaffecté. Ils louent le studio mobile des Rolling Stones, qu'ils garent à l'extérieur de la propriété, après avoir installé des micros un peu partout dans une grande salle. Ils y travaillent à leurs nouvelles compositions. L'une d'elles, "Immigrant Song", chanson inspirée à Plant et Page par un tout récent périple en Islande et qu'ils ont testée pour la première fois sur scène au festival de Bath, est un assaut frontal, une tuerie, la rythmique ne faisant aucun cadeau, tout comme sur "Celebration Day", avec un Bonham déchaîné - quelques mois plus tard, l'intro de la chanson est effacée accidentellement au mixage, à la grande colère de Jimmy Page. Sur "Friends", ils font avec quelques accords un clin d'oeil à Crosby, Stills, Nash & Young tout en s'aventurant dans des gammes très indianisantes - une version de cette chanson sera même enregistrée deux ans plus tard à Bombay par Jimmy et Robert avec un orchestre local. Une ballade déchirante écrite par Jimmy Page à l'époque des Yardbirds refait alors surface, "Knowing That I'm Losing You", que le guitariste renomme "Tangerine", où il couche un solo de toute beauté et laisse même un faux départ sur la bande. Histoire de ne pas être en reste, John Paul Jones sort une mandoline et un morceau folk autrefois enregistré par Leadbelly fait ainsi l'objet d'une relecture extraordinaire, "Gallows Pole", l'histoire d'un condamné à la pendaison qui tente de soudoyer son bourreau - leur culture musicale leur permet ce genre d'emprunt, d'autant qu'ils développent toujours avec maestria le potentiel du répertoire qu'ils abordent. Ensuite, ils recyclent un instrumental électrique à eux, jusque là inexploité, "Jennings Farm Blues" (inspiré par un traditionnel anglais) et en font "Bron-Yr-Aur Stomp", que Plant dédie... à son chien Strider. Ses talents étant moins sollicités, John Bonham joue alors sur tout instrument percussif qui ne soit pas une batterie, comme le tambour, le tambourin, voire les castagnettes ! Pour compléter l'album, deux autres studios anglais sont utilisés, ceux d'Olympic et Island : à Olympic, ils enregistrent l'impitoyable "Out on the Tiles", vaguement démarquée d'une chanson à boire que John Bonham a alors tout le temps à la bouche et dont la rythmique pachydermique est d'une efficacité absolue. Spontanément, un hommage est rendu au passage au chanteur Roy Harper (dont ils ont fait la connaissance au festival de Bath et pour lequel Jimmy Page assure des heures sup') avec "Hats off to (Roy) Harper", en fait un medley de plusieurs titres blues (dont le "Shake?em on Down" de Bukka White) que pour une fois, ils ne signent pas eux-mêmes. Notons qu'il existe une autre version de ce titre, avec un medley complètement différent. Enfin, à Island, où Page réalise le mix final, ils couchent sur bande "That's the Way" et surtout le chef-d'oeuvre absolu "Since I've Been Lovin' You", qu'ils ont rôdé chaque soir en concert depuis janvier et qu'ils enregistrent en prise directe, John Paul Jones jouant en même temps sur son orgue la ligne mélodique et les basses. Tout ici est divin, de la voix de Plant, affolante de passion et de sensualité, jusqu'au solo de guitare de Jimmy Page, un des plus époustouflants qui soient, en passant par la batterie de Bonham (dont le pied de grosse caisse grince d'un bout à l'autre), qui forme sur plus de sept minutes un tapis rythmique d'un confort inégalé. Si "Led Zeppelin III" reçoit à sa sortie un accueil négatif de la critique et fait un peu baisser la courbe des ventes du groupe, il a d'abord le mérite de prouver que ces hommes peuvent écrire des chansons plus réfléchies et sensibles que celles auxquelles ils avaient habitué leur public jusque-là. Quelques décennies plus tard, personne n'échappe à ce disque et c'est le principal. Remasterisé, "Led Zeppelin III" est réédité en juin 2014 dans un double volume comprenant des prises alternatives et des chutes de studio. Frédéric Régent - Copyright 2017 Music Story
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