18
u moment d'offrir sa nouvelle livraison discographique, Moby oppose un relatif démenti à ceux qui voyaient le multiplatiné Play comme un accomplissement, un point d'orgue ou une reddition définitive. Malgré la pression du marché - dix millions d'albums, ça tourne la tête des plus pragmatiques -, le Tintin de l'électronique parvient avec 18 à se préserver une marge d'évolution, à parfaire son ouvrage, au lieu de simplement actionner la photocopieuse. Bien sûr, 18 descend en ligne directe de Play : même dosage electro-organique, mêmes voix lointaines à la tessiture désuète, mêmes cordes soyeuses qui répondent à des notes de piano tombant en pluie fine, même sagesse rythmique... Pour autant, ce nouvel opus joue l'épure et apporte au savoir-faire un supplément d'âme nécessaire. Depuis "Go", son hymne house du début des années 90 qui conviait la magie de Badalamenti, Moby a grandement progressé dans son utilisation des samples. Ils sont ici plus coulés que jamais. Ils évoluent de manière très instinctive au sein de textures luxuriantes s'assemblant au ralenti. C'est d'ailleurs un long voyage immobile, propre à l'introspection, que propose 18. D'étapes new-wave évanescentes en relais gospel, de détours ambient-blues en escales pop rêveuse, l'auditeur aura de quoi méditer. En accord avec cette vision emprunteuse mais malgré tout personnelle, 18 est un disque inévitable qui invoque aussi bien les esprits du Bowie berlinois ("We Are All Made Of Stars"), de Craig Armstrong ("Fireworks"), de St Germain ("Another Woman") que de Moby lui-même ("In This World"). Avec de tels parrains (lui le premier), la prise de risque commerciale de 18 est limitée. Nous voilà prévenus, le premier single à en être extrait est également le premier titre de l'album. Il en reste 17 derrière.
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Où le trouver ?
Disponible 1er étage - Espace Image & son 4 MOB