BIBLIOTHEQUE GEORGE SAND
L'HAŸ-LES-ROSES

LE classique de Booba ? Il y a débat. Ce qui est certain, c'est que Temps mort est une pièce absolument maîtresse du rap français, un tournant musical en termes de production. Le premier LP solo du Duc de Boulogne est sorti en 2002, quelques mois seulement après la séparation du duo Lunatic qu'il formait avec Ali. Aux manettes des beats, on retrouve Fred le Magicien et le duo Animalsons, qui signent l'essentiel des productions, alternant entre délires synthétiques redoutables et samples 90's implacables. Mais c'est également par les punchlines que brille cet album. « Haineux, de chez nous vient le mot vénéneux / La rue conseille, la juge te console souvent / Drogue douce ou c'est le bug, la rue t'élève et te tue », assène Booba sur Ma Définition. On retrouve l'ambiance ténébreuse de Lunatic sur Indépendants, produit par Géraldo. On découvre les couplets marathon de Destinée, single où le chant de Kayna Samet vient troubler le déversement d'états d'âme sordides et radicaux. Il y a toujours l'influence de Mobb Deep sur le rap, un peu celle de Timbaland sur le beatmaking. Déjà, Booba est tourné vers l'avenir. Mais il n'oublie pas le passé en invitant Ali sur Strass & Paillettes ou en posant sur des samples 70's dans les morceaux les plus scolaires. C'est simple : il y a un avant et un après Temps mort